5 questions à Jean Patrice Clerc : Comprendre et agir pour un numérique responsable
Jean Patrice Clerc est récemment intervenu lors de la conférence “Réinventer la com’, vers un numérique responsable”, organisée par le M2 GECI. Le directeur de Mymétic, l’agence de communication responsable, a partagé son expérience et ses recommandations pour adopter des pratiques numériques plus durables. Voici les cinq questions essentielles abordées lors de son intervention.
Quelles actions concrètes pour un numérique responsable en entreprise ?
« Au sein de l’agence, c’est quelque chose qu’on a essayé de mettre en place assez rapidement. On ne voulait pas uniquement être responsables sur nos prestations, mais l’être aussi en interne. » nous explique Jean Patrice Clerc.
Chez Mymétic, cela commence par un usage réfléchi des outils : « On s’est demandé : “De quoi avons-nous vraiment besoin ?” Cette réflexion nous a permis d’éliminer beaucoup de superflus.» Par exemple, l’utilisation d’un Cloud optimisé, limité en fonctionnalités inutiles, contribue à réduire l’empreinte énergétique. Ces bonnes pratiques leur ont valu la labellisation Numérique Responsable niveau 2 par l’INR et l’ADEME.
Comment réduire l’impact environnemental du matériel ?
La fabrication des appareils représente 78 % de l’impact environnemental du numérique, selon l’ADEME. Jean Patrice Clerc insiste sur l’importance de l’indice de réparabilité : « Pouvoir réparer son téléphone ou son ordinateur est essentiel. » Il préconise aussi le reconditionnement et la location d’équipements, des pratiques qui se démocratisent.
Il alerte également sur l’obsolescence logicielle : « 30 % des utilisateur.ice.s changent de téléphone parce qu’il est trop lent ou ne supporte plus les mises à jour. C’est aussi aux développeur.euse.s de créer des applications résilientes, compatibles avec des appareils anciens et des réseaux moins performants. »
Quels sont les mythes et les vérités sur l’écoconception web ?
« Il n’existe pas d’éco-couleur web, » précise-t-il d’emblée, « et le mode sombre ne réduit l’énergie que sur les écrans OLED, qui ne sont toujours pas la norme. »
Pour réduire l’impact carbone d’un site web, l’essentiel réside dans l’optimisation des médias (images, vidéos) et des ressources JavaScript. Il recommande donc l’utilisation de formats comme WebP ou d’images tramées et d’animations en CSS plutôt que JavaScript.
« En éco-conception, moins c’est souvent mieux. D’ailleurs, 46 % des fonctionnalités demandées pour un site web ne sont jamais utilisées. Il faut se poser les bonnes questions en amont : “Qu’est-ce qui est vraiment utile ?” » souligne Jean Patrice Clerc.
Comment convaincre les clients de s’engager ?
« Nos client.e.s sont variés : certain.e.s ont déjà réfléchi à leur impact environnemental, d’autres non. Avec ces derniers, il faut être pédagogue et les accompagner. »
Pour évaluer l’impact numérique d’un site, l’agence utilise l’EcoIndex de Green IT : « Cela donne une note compréhensible par tous et permet de visualiser clairement les améliorations possibles. »
Pour conserver leur image de marque, Mymétic n’hésite pas à refuser des clients : « Si quelqu’un nous dit que l’éco-conception ne l’intéresse pas, nous préférons ne pas travailler avec lui. »
Un site éco-conçu coûte-t-il plus cher ?
« Le coût d’étude en amont est certes plus important, mais il permet souvent de limiter les fonctionnalités inutiles », explique-t-il. « Ça s’équilibre au bout d’un moment. »
Pour Jean Patrice Clerc, le numérique responsable, c’est surtout une question de bon sens et de réflexion en amont. Chaque choix compte pour un avenir digital plus durable. Et vous, quelles pratiques pourriez-vous améliorer dès aujourd’hui ?
Retrouvez ici tous nos articles sur l’écoconception ! Et si vous voulez savoir en apprendre plus sur le sujet, retrouvez l’article de Shaineze sur « Pourquoi se préoccuper de l’écoconception aujourd’hui ?«